Gagner sa vie
Je veux mourir. Mais me tuer. Je n’en ai pas le droit. Quelque chose, en moi, me le dit, me l’interdit.
Derrière tout ça, il y a un enfant. Qui veut vivre. Et c’est pour lui, c’est en son nom. Que quelque chose, en moi, me le dit, me l’interdit.
Tu n’as pas le droit. De me dire que la mort vaut mieux. Mieux que la vie.
Même si j’y crois. Même si je veux. Mourir. A cet instant, là. Disparaître.
Tu n’as pas le droit. Car tu ne sais rien. Tu ne sais pas. De me dire que la vie ne vaut pas. Le coût.
Même si je crois. Que c’est trop. Trop cher.
Gagner sa vie. Ce n’est pas un jeu.
C’est une guerre. A l’intérieur. Avec l’extérieur. Partout, tout le temps.
Moi je ne veux plus me battre. Je veux me rendre. Mais je n’en ai pas le droit.
Car quelque part, il y a l’enfant. Que j’étais. Il y a les enfants. Qui sont.
Et en moi, il y a quelque chose. Qui me dit, qui m’interdit.
Tu n’as pas le droit. De leur dire qu’on peut perdre sa vie. Même si elle nous est retirée, un jour. On doit la gagner. On doit gagner sa vie.
Même si je n’ai plus d’espoir.
(Ecrit et publié le 17 janvier 2006)