Je me suis jeté à l’eau. Et je savais comment faire, pour ne pas couler.
Depuis, j’ai grandi. Et j’ai oublié.
Je pense que je n’ai pas de raisons de vivre, j’ai des torts.
Je ne suis pas un artiste. Je ne suis pas père, non plus.
Je ne crée pas. Je ne laisse pas, de trace.
De fait, moi j’arrête.
Bien sûr je continuerai à faire partie du monde, infiniment...
Mais en ce qui me concerne, la forme humaine est une erreur ; elle est défectueuse.
Je ne comprends pas bien pourquoi je ne me suicide pas.
Peut être simplement parce que je n’en ai pas envie.
Je veux mourir. Mais je ne veux pas me suicider.
Je ne supporte plus rien. Même des choses sans importance, des conneries, je trouve ça dégueulasse. Les gens qui sont en bonne santé. Et qui ne s’en rendent pas compte. Et qui se permettent d’aller mal, quand même. Les gens qui n’arrêtent pas d’éclabousser les autres de leur satisfaction d’avoir engendrer la vie. Qui sont super ultra méga fiers d’être parents. Qui croient que ça les rend " meilleurs ". Les artistes. Ceux qui osent s’en plaindre. Ceux qui se disent seuls. Alors qu’ils sont tout sauf seuls. Alors que les artistes sont parmi les êtres les plus chanceux qui existent dans tout l’univers...
Je pense qu’il n’y a pas et n’y aura pas de solution à mes problèmes. Je pense qu’ils vont aller en grandissant et que, par la force des choses, ils finiront par me tuer. Je pense qu’il vaudrait mieux pour moi en finir maintenant, que c’est idiot, absurde de me laisser subir cette déchéance. Trop de souffrances encore et encore, pour rien. Mais un mal fait à mon corps, même libérateur parce que l’ultime, je ne veux pas en être l’instigateur... J’aimerai trouver le courage de dépasser ça... Mais quand j’imagine, quand j’anticipe, c’est d’une tristesse abyssale, c’est l’horreur absolue.
Les cinq minutes qui me séparent de l’océan sont trop longues et l’hiver arrive.
Je passe en mode hibernation. Sans espoir, ni rêve.
J’attends le néant.
(Ecrit entre le 18 octobre et le 5 décembre 2006 et publié le 5 décembre 2006)