Paranoïa et réalisme
En ce moment je préfère ne pas trop réfléchir.
Je regarde la télé. Il y a des boites, qu’il faut ouvrir, les unes après les autres. Il y a des invités, qui parlent cinq minutes, pour une heure d’émission. Il y a des débats, sans fond. Il y a les informations, débitées, sur un ton neutre inquiet jovial... pour dire que l’enfant est retrouvé mort dans la rivière, que demain c’est la foire aux vins, que les accords ici et là sont rompus, qu’il a dit que, qu’elle a fait, que le CAC 40, que les employés, que les patrons, que les sondages, qu’il y a une recrudescence de.... Des informations... au ton neutre inquiet jovial. D’une seconde à l’autre. Sans explications.
En ce moment il faut que j’évite de réfléchir.
Mon chat dort. A moitié. Il me surveille. Si je bouge, il bouge avec moi. Je lui touche tout le temps les oreilles. Je crois que c’est de ma faute si l’une d’elles s’est cassée. L’autre ça vient d’une bagarre. Il perd trop ses poils, il griffe trop les meubles, il a tout le temps trop faim. Mais je l’aime bien mon chat. Aux oreilles cassées.
Il ne faut pas que je réfléchisse.
J’aurai préféré être paranoïaque, que réaliste. Être fou. Pour échapper à la réalité.
(Ecrit et publié le 23 novembre 2006)